Question Santé avec Dr. Bassecour : la grippe aviaire

Pour tous les propriétaires de poules, l’automne et l’hiver sont depuis quelques années une source d’inquiétude en raison des épidémies de grippe aviaire. Et la saison 2021 – 2022 n’y fait pas exception… Au 7 janvier 2022, 87 cas de grippes aviaires hautement pathogènes été répertoriés en France métropolitaine dont 4 cas chez des particuliers.

Afin de mieux connaitre le virus et protéger vos , voici un article rédigé par Dr. Bassecour, le vétérinaire spécialiste des poules !

C’est quoi la grippe aviaire ?

La grippe ou influenza aviaire est le nom de la maladie causée par les virus d’influenza (grippe) aviaire (oiseaux). Ces virus sont présents naturellement chez toutes les populations d’oiseaux aquatiques, qui sont bien souvent migrateurs. Et c’est au cours de leur voyage, qu’ils peuvent infecter les volailles domestiques (poules, canards, oies,…), les autres oiseaux et les animaux. Toutefois pas de craintes, habituellement la grippe aviaire n’infecte pas les êtres humains. 

Autre bonne nouvelle pour les propriétaires de poules en France, les virus qui circulent actuellement en Europe ne sont pas « zoonotiques », c’est-à-dire que cette maladie aviaire ne présente aucun danger pour la santé humaine ni par contact avec les oiseaux, ni par la consommation des œufs.

Comment se propage la grippe aviaire aux poules ?

Lorsqu’ils sont infectés avec un virus de la grippe aviaire, les oiseaux aquatiques sauvages le multiplient dans leurs systèmes respiratoire ou digestif, mais ne tombent pas forcément malades. Ils sont porteurs de la maladie et propagent les virus via la salive, les secrétions nasales et les fientes. C’est ainsi que le virus de l’influenza aviaire sera introduit dans un poulailler :

  • Directement par l’introduction d’une poule malade dans le poulailler (qui peut ne pas encore montrer de signes cliniques).
  • Indirectement par un contact avec les fientes, les aérosols, les débris de plumes de poules ou d’oiseaux sauvages contaminés via l’aliment, l’eau ou le matériel (fumier, paille, abreuvoir). Mais aussi les personnes en contact avec des oiseaux contaminés qui peuvent transporter le virus sur les habits, chaussures, etc. Il s’agit donc d’être vigileant pour protéger ses en cas d’épidémie.

Le temps de survie des virus dans le milieu extérieur varie en fonction du type de milieu et de la température : plus de 5 mois dans l’eau à 20oC, contre “seulement” 4 jours dans des fientes à 30oC.

TempératureLitièreFientesEau
4°C105 jours35 jours
20°C7 jours158 jours
30°C4 jours30 jours

Les virus influenza aviaires sont très contagieux et se transmettent rapidement entre oiseaux. La période d’incubation est le temps entre l’infection et le début des signes cliniques. Elle varie en fonction de la souche de virus entre 3 et 14 jours.

La grippe aviaire chez les poules

Les poules infectées par un virus de grippe aviaire faiblement pathogène peuvent montrer aucun symptôme ou alors seulement une maladie légère et passagère (plumes ébouriffées, moins d’œufs pondus). Souvent ces virus faiblement pathogènes ne sont pas détectés.

A contrario, l’infection de poules avec un virus hautement pathogène peut causer une maladie sévère avec des signes respiratoires, digestifs, neurologiques et de la mortalité très importante (90-100%) en 48h.

Voici les différents signes cliniques permettant d’identifier le virus de la grippe aviaire chez ses poules:

  • Prostration, plumes ébouriffées, arrêt de l’alimentation.
  • Possible coloration bleutée de la peau et des muqueuses.
  • Œdème de la tête, hémorragies et petites taches de sang sous la peau.
  • Possible diarrhée verdâtre.
  • Mortalité soudaine d’un ou plusieurs individus dans le poulailler.

Pourquoi l’automne et l’hiver sont des saisons propices à la grippe aviaire ?

Les oiseaux aquatiques sauvages sont très souvent des oiseaux migrateurs. Ils se rassemblent l’été dans le nord de l’Europe pour se reproduire et se transmettent alors les virus de grippes aviaires. A la fin de l’été, ces oiseaux migrent vers des contrées plus chaudes pour passer l’hiver. Ils suivent les couloirs de migrations habituels et contaminent les environnements qu’ils survolent et lorsqu’ils font des pauses.

Déplacement grippe aviaire
©Olivier Debuf pour Office français de la biodiversité

Pourquoi le nombre de cas de grippe aviaire augmente chaque année ?

Les raisons pour expliquer l’augmentation récente des cas de grippe aviaire sont très mal connues, toutefois plusieurs hypothèses sont possibles !

  • La surveillance est plus importante que les années précédentes.
  • Les techniques de tests et d’analyses sont aussi plus performantes qu’auparavant.
  • Le réchauffement climatique a probablement sa part de responsabilité en chamboulant le temps et le circuit de migrations des oiseaux sauvages.

Comment protéger vos poules contre la grippe aviaire ?

A l’heure actuelle, la vaccination des poules contre la grippe aviaire n’est pas possible en Europe. Les seules mesures qu’un particulier peut prendre pour protéger ses poules contre la grippe aviaire sont des mesures de biosécurité, c’est-à-dire des mesures pour empêcher l’introduction du virus dans le milieu de vie des poules (poulailler, jardin) par les oiseaux aquatiques sauvages ou d’autres poules contaminées.

Les 5 mesures de biosécurité principales à respecter :

  1. Limiter les introductions de nouvelles poules dans le poulailler en automne et en hiver et assurer une quarantaine d’une quinzaine de jours minimum en cas d’introduction
  2. Augmenter la surveillance de la santé des poules
    • Connaître les principaux signes évocateurs de l’influenza aviaire
    • En cas de mortalité ou de symptômes : contacter son vétérinaire sans délai (ou Dr Bassecour !) pour vérifier la cause de la mortalité et sécuriser la prise en charge de la poule décédée.
  3. Limiter les contacts humains avec vos poules
    • Limiter les visites de personnes qui pourraient être des vecteurs passifs du virus
    • Limiter les visites aux soins de base (nourrissage et récupération des œufs), éviter de manipuler les poules
  4. Limiter les contacts avec d’autres oiseaux
    • Limiter le contact et les échanges de poules avec d’autres poulaillers
    • Si votre foyer est en lien étroit (géographique ou par les relations familiales) avec un éleveur professionnel de volailles, renforcer les mesures de biosécurité et de surveillance
    • Protéger vos poules des oiseaux sauvages : les maintenir dans un parcours/enclos couvert d’un filet, protéger les mangeoires de l’accès aux oiseaux sauvages
  5. Renforcer l’hygiène de votre poulailler
  • Se laver les mains avant et après être allé voir vos poules chéries
  • Mettre une tenue spécifique (blouse ET chaussures) pour visiter et/ou nettoyer le poulailler
  • Nettoyage et désinfection hebdomadaire du poulailler et de TOUT le petit matériel accessoire du poulailler, dont les cages de transport
  • Assurer un bon nettoyage (enlèvement de la matière organique avec un détergent et une brosse ou un karcher, etc..) avant de faire la désinfection
  • Désinfecter avec un désinfectant homologué virucide aux doses recommandées par le fabriquant. L’eau de javel fonctionne à condition que le nettoyage ait enlevé toute la matière organique
  • Conserver les fientes et la litière sur place mais les enterrer si possible hors de portée des poules
  • En cas de décès, ne jeter pas les cadavres avec dans la poubelle familiale. Et contacter votre vétérinaire si la mortalité est anormale. 

Vous avez une question sur la santé des poules ?

Envoyez-nous votre question via notre formulaire de contact, et Dr. Bassecour y répondra dans un futur article !

Publié le 26/01/22

Partager :