POULE NOIRANS

Question Santé avec Dr. Bassecour : Comment évaluer si ma poule boite ?

L’apparition d’une boiterie chez une poule est en général un casse-tête pour son propriétaire et pour de nombreux vétérinaires. Car en effet, même une boiterie légère peut empêcher la poule de profiter pleinement de la vie au grand air !

Elle peut ainsi avoir plus de difficultés pour se percher et donc pour dormir, la fuite devant les ennemis de toujours (renard, buse) devient moins aisée et la poule défend moins facilement sa place dans la hiérarchie.

Ainsi, déterminer la cause d’une boiterie passe d’abord par une observation attentive de l’animal et de sa démarche pour évaluer la sévérité de la boiterie mais aussi son évolution dans le temps (amélioration ou détérioration) pour juger de l’urgence de la situation et du pronostic.

Je recommande ensuite de procéder à un examen clinique soigneux de la poule et particulièrement des pattes pour rechercher une cause visible de boiterie.

Il y a de nombreuses causes de boiteries : les traumatismes (entorse, foulure, fracture), une prédisposition génétique, un virus ou une bactérie, une carence alimentaire, un produit toxique ou poison. Et si la très connue maladie de Marek est responsable dans sa forme classique de boiteries sévères d’apparition soudaine aux conséquences lourdes, cette maladie fait figure de coupable idéal brandi par certains pour cacher leur ignorance.

Parcourir une courte liste de contrôle éliminera alors immédiatement certaines des causes possibles.

1. Observer la démarche de la poule 

Dans le cas de boiteries légères, il est nécessaire d’observer attentivement la façon dont la poule marche. Le plus simple est de compter combien de temps chaque patte reste posée sur le sol. Une poule qui ne boite pas aura une démarche équilibrée, avec un temps de pose au sol de chaque patte identique. Il est parfois utile de regarder la poule marcher pendant plusieurs mètres, et de répéter les observations dans le temps pour évaluer correctement la boiterie.

Il est donc impératif de surveiller l’évolution de la boiterie chez sa poule de compagnie en répétant cet exercice d’observation deux fois par semaine pour vous faire une idée de l’évolution de la boiterie.

Comme pour toutes les maladies, intervenir plus tôt est préférable que trop tard pour avoir de meilleures chances de rémission. Lorsque la boiterie est plus sévère, elle sera plus aisée à constater mais il est toujours difficile d’en connaitre la cause. En effet, quelle que soit son origine, la conséquence reste la même : la poule pose mal ou ne pose pas la patte au sol. C’est alors qu’il faut passer à la deuxième étape : l’examen clinique.

2. Réaliser un examen clinique de la poule qui boite

Il est toujours important d’évaluer et d’examiner vos poules pour identifier rapidement toute anomalie et pour identifier les petits problèmes avant qu’ils ne deviennent plus graves. Du point de vue clinique, une boiterie a soit une origine nerveuse (atteinte du cerveau ou des nerfs périphériques) et/ou locomotrice (pattes). Lors de l’évaluation clinique, il faut procéder dans l’ordre :

 1)      Regarder les coussinets plantaires pour vérifier la présence de callosités, d’inflammation et d’infection, d’éraflures, de gonflement, de croûtes ou d’ulcères.

Un ulcère est un trou qui commence par la peau du coussinet mais peut aller jusqu’à l’os dans les cas graves. On l’appelle aussi pododermatite (littéralement inflammation de la peau des pieds) et elle est extrêmement douloureuse. Pour bien se rendre compte de son intensité, il est nécessaire de laver le coussinet avec de l’eau, du savon et une petite brosse, en frottant doucement. Chez les poules de compagnie, une pododermatite est en général causée par une abrasion ou une éraflure du coussinet de l’oiseau qui crée une « fenêtre » pour une infection bactérienne. Les éraflures peuvent provenir de perchoirs ou de nids mal construits. Un poulailler mal nettoyé accélère la contamination de la plaie par des bactéries.

2)      Palper toutes les articulations et les os pour sentir d’éventuelles déformations, grosseurs et chaleurs.

Passez les doigts depuis l’l’intérieur du haut de la cuisse, puis le fémur, le tibia, et enfin descendez la partie écailleuse des métatarses. Fléchissez ensuite doucement les pattes vers l’extérieur (si vous le pouvez sans causer de douleur). Comparez les pattes, y compris leur température. Cela vous aide à déterminer si l’oiseau a une blessure physique à un tendon ou à une articulation. Les bonnes questions à se poser sont :

 ·   La quantité de mouvement est-elle la même pour les deux ?

 ·   Y a-t-il un bruit de « craquement » des extrémités osseuses dans une articulation lorsque vous bougez la patte ?

 ·   Y a-t-il un gonflement ou une partie de la patte est-elle plus chaude ?

Un gonflement ou un point chaud anormal serait le signe d’une maladie infectieuse bactérienne (mycoplasme, pasteurelles, staphylocoque, entérocoque, colibacille…) ou viral (reovirus) ou d’un traumatisme sévère (entorse, fracture). Une fois l’infection installée dans une articulation, il est difficile de l’en déloger même au prix d’une antibiothérapie longue et de ses effets secondaires néfastes sur le système digestif. De nombreuses maladies bactériennes sont liées aux conditions de vie (voir causes de pododermatites), d’autres à la présence de rongeurs (pasteurelles) ou d’introduction d’animaux infectés (mycoplasmes).

3) S’assurer que les écailles des pattes soient lisses et bien collées les uns aux autres.

 Les écailles retournées peuvent être causées l’agent de la gale des pattes (Cnemidocoptes mutans). Cet acarien, en creusant des galeries sous les écailles de la peau, crée une porte d’entrée pour les bactéries.

4)      Observer la poule pour constater si elle présente, en plus de la boiterie, une atteinte nerveuse.
Cela peut se traduire par des tremblements, des parésies flasques ou toniques, une cécité anormale, des difficultés respiratoires, etc. Une atteinte nerveuse peut être le signe de maladies infectieuses intraitables (grippe aviaire, maladie de Newcastle, maladie de Marek), de carences alimentaires (vitamines B1, B2,E, calcium,…) qui elles sont traitables si elles sont prises à temps.

Si les membres inférieurs ne présentent pas à priori de problèmes et qu’il n’y a pas d’atteintes nerveuses, il faut savoir que l’articulation de la hanche est très difficile d’accès. Il peut être compliqué de constater des lésions, et cela même en faisant une radiographie.

En effet, lorsque les poules sont déjà malades ou stressées, il y a souvent une bactériémie associée (bactérie circulant dans le sang), qui peut rester bloquer dans les petits capillaires sanguins, dont ceux des os et des articulations. L’infection créée peut alors provoquer une nécrose de la tête fémorale, souvent peu visible à la radio et impalpable. Une fois l’examen clinique terminé, il est temps de passer à la prochaine étape : l’analyse des données personnelles.

3. Analyser les données personnelles de la poule

Les données personnelles (telles que l’âge, le sexe, son alimentation, son cycle de ponte) permettent d’éliminer certaines hypothèses comme la maladie de Marek, ou une blessure à la colonne vertébrale par exemples.

La maladie de Marek, est en effet due à un virus dévastateur qui peut provoquer une boiterie, puis une paralysie, et se termine souvent par la mort. Cette maladie peut généralement être exclue si l’oiseau a moins de six semaines ou plus de six mois. En effet, le virus de la maladie de Marek est le plus souvent attrapé au cours des 2 à 3 premières semaines de la vie du poussin, mais a une longue période d’incubation, de sorte que les symptômes ne se manifesteront pas avant qu’un oiseau ait 10 à 24 semaines. S’il a plus de six mois, il est alors peu probable qu’il s’agisse de la maladie de Marek. Il y a quelques exceptions, mais celles-ci sont rares.

Si la poule semble en bonne santé mais est soudainement incapable de bouger, il peut également s’agir d’une blessure à la colonne vertébrale ou d’une plaie sur la quille/le sternum.

 Parce que beaucoup de boiteries ont une origine alimentaire, il est aussi parfois nécessaire de revoir l’alimentation surtout si aucune cause évidente n’a été identifiée. En effet, les poules sont plus sensibles que les coqs aux boiteries car pondre un œuf est fortement lié au métabolisme du calcium. Une carence en calcium engendre des problèmes locomoteurs comme le mal de ponte ou l’ostéoporose. Les carences alimentaires responsables de boiteries ou de troubles nerveux (Riboflavine, vitamines B1 ou E, Rachitisme, etc.) ne sont normalement pas possible lorsque l’animal est nourri avec une alimentation complète et équilibré.

Si une poule est boiteuse, incapable de marcher ou paralysée et que vous n’êtes pas sûr de la cause du problème, vous devez faire quelque chose pour atténuer sa détresse et sa douleur, en vertu de la loi sur la protection des animaux, qu’il s’agisse d’un traitement, d’une euthanasie, d’une visite chez votre vétérinaire ou d’appeler Dr Bassecour.


Vous avez une question sur la santé des poules ?

Envoyez-nous votre question via notre formulaire de contact, et Dr. Bassecour y répondra dans un futur article !

Publié le 02/06/22

Partager :